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Les Entrepreneurs Marginaux
Traduction française de The Outcast Manufacturers, roman de Charles Fort.
Chapitre Deux.
Le matin. La cuisine des Maheffy, deuxième pièce depuis la fenêtre de façade ; l'éclairage au gaz, alimenté par la distribution centrale, brûle au-dessus d'une table ronde, recouverte d'une toile cirée blanche ; quatre chaises courantes et une chaise haute autour de la table ; une assiette retournée à l'envers face à chaque chaise ; une bouteille de lait remplie d'eau au milieu de la table. Huit heures, petit-déjeuner tardif, parce que Monsieur Maheffy n'a pas un travail très astreignant, dans la salle des machines d'un hôtel, où il travaillait, il avait vu un homme perdre la vie. Demande de dédommagement ; l'hôtel affirme que l'accident a été la conséquence de la propre négligence de l'homme ; Monsieur Maheffy le témoin ; l'hôtel se montre très aimable et très coulant avec Monsieur Maheffy.
Rideaux rouges à chaque porte de la cuisine, cuisinière du côté est de la pièce, et un placard à rideau rouge d'un côté de la cuisinière ; un fût de bois recouvert d'une bâche rouge de l'autre côté de la cuisinière. Avec un bébé dans les bras, et suivie par une petite fille, Madame Maheffy entra depuis la pièce de devant ; Madame Maheffy porte une de ces capes extravagantes, d'une extravagance appuyée, d'un imprimé qu'on voit généralement sur le papier peint. Madame Maheffy assit le bébé dans la chaise haute, et prit une poêle à frire dans le placard, pour la poser sur la cuisinière.
Monsieur Maheffy, en chaussettes, les chaussures dans une main, entre dans la cuisine depuis la chambre située entre la cuisine et la chambre de Sim... Visage morose de Monsieur Maheffy ; un visage désastreux avec une barbe jaunâtre aux poils en broussaille ; désolée, comme une décharge en hiver en partie recouverte de joncs. Monsieur Maheffy posant ses chaussures à côté de la chaise la plus près de la porte de la chambre, puis rejoignant la cuisinière, tire l'étouffoir.
« Ne soyez pas aussi impertinent ! » dit Madame Maheffy, poussant l'étouffoir. « Je suis en train de faire du feu. Ne soyez pas aussi impertinent dans une cuisine. On vous voit trop. » Monsieur Maheffy fit les cent pas de rideau en rideau.
« Le démon emporte les pensionnaires ! » dit Madame Maheffy ; Elle donna une gifle sur les mains du bébé, mains qui étaient tendues vers la bouteille d'eau ; puis alla à la porte de Sim, toqua... porte qui s'ouvrit instantanément ; Sim suit sa logeuse à la cuisine... les paupières lourdes de Sim ; sa bouche irrégulière, avec la lèvre supérieure légèrement de travers, comme si elle était relevée par un cure-dent invisible entre ses dents.
« C'est le jeune homme ! » dit madame Maheffy. « Vraiment, pourquoi avez vous pris la peine de mettre votre veste ? » Monsieur Maheffy s'était retourné rapidement, et regagnait tranquillement les rideaux de la pièce de devant. Il garda le dos tourné à Sim, mit ses mains dans ses poches, et sifflota, ce qui confondit Sim qui s'assit d'abord sur une chaise, sembla penser que Madame Maheffy indiquait une autre chaise... rebondit d'une chaise à une autre, s'adossa sur une chaise, comme s'il pensait qu'il n'aurait pas dû s'asseoir avant que le petit-déjeuner fût prêt, puis en train de se recroqueviller très en avant sur la chaise de façon à ne pas être penché en arrière sur le passage de la déambulation de Monsieur Maheffy.
« Si on pouvait manger dans une cuisine sans toile cirée sur le sol ! » dit Madame Maheffy, d'une voix haute, avec affectation. « Le propriétaire nous a promis un nouveau plancher, aucune toile cirée ne recouvrirait ces planches ; mais les propriétaires ne font rien pour nous ; Ils ont beaucoup de libertés. »
« Oh, c'est très vrai ! » Sim rit d'un petit rire idiot et gêné ; se pencha en arrière, se recroquevilla vers l'avant ; fit des croix et des signes de multiplication avec le couteau et la fourchette ; les mains dans les poches ; les mains hors des poches.
« C'était très différent où nous vivions avant, et la chance d'avoir tout l'étage pour nous... En fait, il n'y avait presque rien sauf des docteurs et des dentistes et des entrepreneurs de pompes funèbres dans cette rue. Comment aimez-vous vos oeufs, Monsieur ? »
« Moi ? Oh, peu importe ! » Sim examine une fourchette, puis brusquement repousse la fourchette.
« Certains les aiment durs et certains les aiment baveux, et certains les aiment entre deux. »
Sim rit de son petit rire idiot. Madame Maheffy mit des oeufs dans une boite de conserve de tomates remplie d'eau bouillante. Sur la chaise haute, près de la cuisinière et face à la chaise de Sim, le bébé était assis, un bébé avec un double menton et la tête chauve et le front haut et intellectuel d'un Sénateur des États-Unis ; du Sénateur idéal des États-Unis ; l'enfant sénatorial en train de regarder Sim et souriant avec bienveillance. Sim retourna son assiette, joua avec son couteau, cessa brusquement de jouer avec son couteau, vit un plat de beurre, et, pour le plaisir de n'importe quel petit fait qui signifierait la simplicité et le chez-soi, il prit du beurre.
« Oh, regarde, maman, tout le beurre qu'il prend ! » venant de Mademoiselle Maheffy, une enfant avec des cheveux coupés courts ; avec les sourcils à peine perceptibles ; avec des oreilles pressées contre la tête avec du pansement adhésif.
« Vous ne devez pas me dénoncer ! » Sim encore plus embarrassé.
Madame Maheffy était comme une salle entière faisant frire des oeufs et bouillir des oeufs... sa cape papier-peint... Madame Maheffy comme une salle sens dessus dessous. Elle parlait sévèrement à Monsieur Maheffy.
« À regarder autour et voir s'il y a autre chose qui ne convient pas. Je n'ai jamais vu un tel homme ; pas un moment tranquille depuis qu'il est revenu. Rien ne lui convient. Si tout était si raffiné où vous étiez, c'est malheureux que vous n'y soyez pas resté. Faites comme chez vous, Monsieur Rakes... »
« Oh, moi ? » c'est ce que je fais toujours. C'est ma nature. »
« Asseyez-vous, » en plaisantant grossièrement avec son mari. « Si je vous caresse avec cette poêle à frire, on aura moins moins à supportet de connerie de votre part. » Monsieur Maheffy s'assoit à côté de Sim, en sifflotant encore ; puis il grogna parce que sa femme lui a posé sa tasse de café à sa gauche, au lieu de sa droite.
« Vous... vous sacré vieil ex-détenu, oh vous » cria Madame Maheffy. Puis à Sim : « Oh, Dieu pardonne à mon âme... mais on devient si rude dans les immeubles. J'en suis sur les fesses depuis que je vis dans les immeubles. Il y a une telle vulgarité ici, Monsieur Rakes. Je n'en dors pas pendant des nuits de la peur d'être dans la même maison que de tels voyous, » tout en versant du café, allant secouer la poêle à frire. « Vous ne devez compter que sur vous-même, s'il y a des choses que vous ne pouvez pas éviter, Monsieur. Il y a ces on-dits que j'ai une démarche fière, et que ça me tient à l'écart. Laissons-les dire ; c'est comme ça que je suis. »
« Pas du tout ! » dit Sim... Monsieur Maheffy assis avec son menton à la barbe en brousaille enfoncé entre deux épaules minces et soulevées. Il mélangeait son café, devant presque s'étirer jusqu'à lui, tellement il était assis enfoncé sous la table. Puis il se tourna sur sa chaise et mis ses chaussures. « Restez assise et prenez un bol de café, » dit-il à sa femme, en parlant avec les lèvres immobiles.
« Oh, mon Dieu ! » de la voix aigüe, affectée de Madame Maheffy ; oh, maintenant, je ne peux imaginer y toucher, maintenant que vous m'avez dit bol. Oh, mon Dieu! Dans un bol c'est si vulgaire. Je ne pourrais pas, mon appétit est parti, maintenant que vous m'avez mentionné un bol. Je devrais vous taper la patte, » à Mademoiselle Maheffy, « Vous allez arrêter ça, je vous le garantis ! Non, non, je faites pas ça Hélène, ma chérie! Maman ne le répètera pas, Hélène ! »
« Et, » à Monsieur Maheffy, « ne prétendez-pas, dans ma propre maison, me dire de m'asseoir ! Je m'assieds ou me lève juste comme j'en ai envie dans ma propre maison. » Elle fait glisser les oeufs frits de la poêle à son assiette ; Monsieur Maheffy, ses épaules soulevées presque jusqu'à ses oreilles, ses coudes étalés très écartés sur la table, taillade les oeufs avec son couteau, les coupe finement puis furieusement avant de manger.
Des oeufs durs pour Sim, et Sim cassant maladroitement les coquilles des oeufs... les mains nerveuses de Sim... des mains qu'il met même dans ses poches, mais aussitôt les sort pour continuer à casser les coquilles... Sim pose sa cuillère... puis la saisit, parce qu'elle a touché l'assiette de Monsieur Maheffy.
Une femme qui vient de la pièce de devant – une autre pensionnaire de la maison – apparaît au seuil de la cuisine ; une femme qui ne porte pas de chemisier, mais tient, au niveau de sa gorge, une serviette autour de ses épaules. « Bonjour, Monsieur Maheffy ! »
Monsieur Maheffy leva les yeux au dessux des rideaux et siffla.
« Excusez-moi, Madame Maheffy, je pensais que vous étiez seule, » en jetant un coup d'oeil à Sim ; « si vous lavez aujourdhui, pouvez me prêter votre eau savonneuse après que vous en ayez terminé ? »
« Vous pouvez l'avoir, et bienvenue ! » dit Madame Maheffy cordialement.
« Quel culot de sa part ! » après que la femme soit partie. « Tellement peur de manquer quelque chose ; n'importe quelle excuse pour entrer et voir quel nouveau pensionnaire nous avons ; oh, maintenant le bébé ! » L'enfant sénatorial commence à rugir et à marteler, avec une tasse, le plateau de la chaise haute. « Oh, regarde le monsieur, bébé ! » Madame Maheffy retire la tasse, avec elle désigne Sim. « Oh souri bébé ! Regarde le monsieur ! » Sur-ce le sénateur regarda plus attentivement Sim, ria sarcastiquement, mais après souria avec indulgence. Après quoi Sim se sentit obligé de dire, « C'est un beau gros bébé ! Quel âge a-t-il ? » et appuyant sur son étonnement quand on lui eût dit, bien que ne sachant pas s'il devait considérer l'âge comme étonnamment élevé ou étonnamment jeune. Il essaya d'avoir l'air bienveillant, mais renonça, tant était grande la supériorité de l'allure noble et intellectuelle du bébé.
« Donne moi un penny ! » cria Mademoiselle Maheffy, qui restait assise sur le sol, chantant des morceaux incohérents tel que « Mary est allée à l'église avec son bébé dans une malle et a nourri le cheval de côtelettes de porc. »
« Donne moi un penny ! Rakes, Shakes, Jakes, Snakes ! Oh, quel nom ! Est-ce que c'est son nom maman ? »
Quelqu'un d'autre dans la pièce de devant. Une femme trapue tenant des haricots verts dans son tablier relevé, apparaît entre les rideaux rouges, demandant : « Vous voulez me voir, Madame Maheffy ? »
« Pas du tout, Madame Schufelt. Et qui vous a dit ça ? »
« C'est mon petit garçon qui dit ça, » fixant Sim mal à l'aise.
« Alors ce sont des mensonges que votre petit garçon vous raconte madame. »
« Il a fait ça ? Je vais le corriger ! Il va recevoir une correction pour avancer dans la vie ! » Madame Schufelt court vers le hall, s'adressant au bas des escaliers comme s'il y avait un petit garçon : « Viens ici, si tu me dis encore de telles choses ! Que je ne t'attrapes plus à me dire des choses pas vraies ! »
« Donne moi un penny ! » criait Mademoiselle Maheffy, saisissant le bras de Sim et le secouant si férocement qu'un pansement adhésif se détacha, et une des ses oreilles bondit hors de captivité.
« Vilaine ! Vilaine ! tu ne dois pas parler ainsi au monsieur ; oh, prend garde ou l'homme t'emportera avec lui, chérie ! »
Monsieur Maheffy se lève, et Sim lui dit maladroitement : « Bonne matinée ! »
« Je ne suis pas encore parti. » Monsieur Maheffy rit lugubrement.
« Oh, excusez-moi ! » Monsieur Maheffy fait les cent pas et sifflote.
Quand Sim descendit au bureau de l'Universal Manufacturing Company, il n'y avait aucun cliquetis de machine à écrire, et pas de piétinement d'employés affairés. La porte de la pièce de devant et de l'est, fermées, et Sim toquant et toquant, mais personne n'apparaissant. Sim sort pour attendre sur le perron.
La maison ce matin était une maison cataracte ; par les fenêtres on entend battre le linge qu'on lave ; les ruisellements de l'eau brisés par des corniches comme des plate-formes de sortie de secours. Sur le perron, sous les chutes d'eau, il y avait trois bonnes dans cette buée brumeuse, deux assises tout près du trottoir, des bonnes à la forte carrure marquée, balançant doucement des poussettes devant elles ; et la jeune femme dans la cape sans manche debout sur le trottoir, un pied posé sur une marche de façon à avoir un genou soulevé pour y percher un enfant. Les trois bonnes étaient en train de regarder une femme âgée qui montait la rue, sa tête sous une capuche noire qui lui faisait une tête en forme de bloc ; avec ses mains serrées ensemble devant elle d'une manière guindée elle portait une petite sacoche prétentieuse. Cette femme poussait du pied devant elle un morceau plié d'emballage de tabac. Finalement elle s'arrêta et le ramassa, parce que pour quelqu'un avec seulement les dollars en tête, il ressemblait assez à un billet d'un dollar.
« Madame McKicker, la vieille radine ! » dit une bonne. « Quelle avare ! » une autre bonne. « Ca possède une douzaine de maisons et ça vit ici ! C'est pourtant comme ça qu'ils deviennent riches. On dit qu'elle pique des feuilles de chou dans le panier de l'épicier... »
« Chut, taisez-vous ! »
« Bonjour, Madame McKicker ! J'espère que vous allez bien ce matin. »
« Vraiment ? » Madame McKicker est à côté d'une poussette. Sa tête en arrière, et la sacoche prétentieuse tenue haute avec les deux mains ; Madame McKicker caquète d'un rire railleur ; puis, fougueusement :
« Vraiment ? Oh, j'apprécie la sincérité, oui ! J'aime entendre les gens dire ce qu'ils pensent ! J'aime la sincérité ! »
« Oui, Madame McKicker, on ne peut pas faire confiance à ceux qui ne sont pas sincères. »
Madame McKicker prend un journal dans une poussette. « Est-ce le journal de ce matin ? Je n'avais pas un penny sur moi ; c'est du vol de devoir acheter un journal chaque matin pour suivre l'affaire du kidnapping. Cette pauvre mère ! Mon coeur est avec elle. J'ai les moyens, mais je n'avais pas un penny sur moi. Voyez ça ! » Pointant avec indignation le journal, que, avec la sacoche, elle tenait dans la main gauche ; « Juste une ligne ! Heureuse de ne pas l'avoir acheté ! » Montant les marches du perron, elle toucha gentiment l'épaule de la bonne sans manches qui retira son genou avec son fardeau pour laisser le passage, et dit : « J'apprécie la sincérité ! » sa tête penchée très en arrière, la sacoche dressée dans ses deux mains ; et le rire caqueteur, railleur.
« Allez, malheur à elle ! » quand elle fut trop loin pour entendre. « la vieille arnaqueuse, avec tout l'argent qu'elle a... Là ! Là ! Da ! Da ! Est-ce qu'il s'est réveillé ? Et ne dépenserait pas un cent pour un journal ! Willie ! Willie ! Où est Mollie ? »
Mademoiselle Guffy apparaît à la porte ; Une mademoiselle Guffy miteuse mais vive ; coucher de soleil dans une atmosphère enfumée ; une ceinture couleur saumon, un ruban vermillon autour de son cour ; des rubans vert éclatant à ses coudes.
« Cieux miséricordieux ! » cria Mademoiselle Guffy, claquant des mains, levant les yeux en l'air comme si elle était témoin d'un désastre effroyable ; « C'est vous ? »
« Non, » dit Sim. « C'est vous ? » son rictus nerveux déformant sa bouche.
« Entrez directement, Monsieur. Tout le monde est en place et en train de déjeuner. Était-ce vous qui frappiez à la porte ? Je cours juste pour une miche de pain. Avez-vous déjeuné ? Allez-y entrez, Monsieur. » Elle descendit le perron, regardant en arrière pour agiter sa main vers le hall, répétant : « Allez-y entrez, Monsieur ! » et descendit la rue, remontant son épaule gauche, de sorte que ses épaules paraissaient à la même hauteur ; très voyante mademoiselle Guffy, difforme en saumon, vermillon et vert lumineux.
« Est-ce que ce n'est pas le comble ! » réflexion des bonnes dans la brume. « Willie ! Willie ! On penserait que quelqu'un d'aussi infortuné s'habillerait discrètement et essayerait de passer inaperçu. Willie ! Willie ! Oh, vilain enfant ! je vais vous fesser si vous ne laissez pas cet habit propre du matin hors du caniveau ! Oui, si c'était la volonté de Dieu de m'affliger ainsi, je resterais parfaitement discrète et hors de vue. »
Lorsque mademoiselle Guffy revint elle apportait un chou ainsi qu'une miche de pain ; Mademoiselle Guffy affligée, mais provocatrice ; remarquable, dans sa difformité, en saumon ; portant du vert éclatant dans son refus de s'effacer parce que difforme.
« Miséricorde ! Vous n'êtes pas encore entré ? »
« Et bien, je n'en avais pas envie, » dit Sim. « Je veux dire je n'en avais pas envie juste maintenant... »
« Vous n'aviez pas ! Vous n'aviez pas, vraiment ! Entrez maintenant, alors. »
Dans le bureau de l'Universal Manufacturing Company, Madame Birtwhistle était en train de frire un steak, et Sim vit la raison des contours flous de monstres des profondeurs marines sur les murs verts. C'était trop de dérangement de couper du bois à la taille du poêle, avec un poêlon branlant Madame Birtwhistle faisait frire sur un feu de bûches trop longues et protéburantes, laissant un espace entre le poêle et le poêlon, d'où montait la fumée.
« Bonjour, Madame Birtwhistle, » dit Sim, essayant d'exprimer de sa voix que c'était vraiment un plaisir de revoir Madame Birtwhistle.
« Bonjour, » répondit Madame Birtwhistle d'un ton maussade, faisant frire le steak, lui gardant le dos tourné. Et les tentatives de Sim de s'en attirer les bonnes grâces... « Belle matinée ; il devrait faire très chaud, vraisemblablement ; le soleil est si éclatant... »
« Vous pouvez vous asseoir là-bas je suppose ! » dit Madame Birtwhistle, en vert qui s'était flétri en jaunâtre, secouant une main vers le sofa profondément échancré, entre les fenêtres de façade. Messieurs Birtwhistle et Parker étaient en train de déjeuner dans la pièce au-delà des blouses, comme des rideaux ; une lampe était en train d'éclairer là, et, entre les « rideaux » à cheval sur une tringle, Sim, bien qu'il eût regardé dans cette direction seulement à la dérobée, entrevit cette pièce. Monsieur Birtwhistle l'appelle affablement :
« Ah Rakes, mon fils ! Avec nous ? Oiseau matinal, hein ? » Des aperçus de cette pièce intérieure, une pile de vaisselle sale en équilibre précaire sur le bout d'une longue table ; Messieurs Parker et Birtwhistle à l'autre bout ; derrière eux, contre le mur, un tas de linge attendant un baquet.
Dans la pièce de devant, Madame Birtwhistle était en train de dire impuissante à Mademoiselle Guffy : « Où est la clé de la remise du bois ? » Puis : « Vous avez vu mes épingles à cheveux ? » laissant le poêle, tournant en rond, une main cherchant sur les tables et le long du manteau de cheminée.
« Je ne l'ai pas ma fille. » Mademoiselle Guffy est dans une attitude languissante, et pendant ce temps sa coiffure arrondie, comme un scarabé, s'affaisse... un gros scarabé penché... sur son épaule la plus haute... un scarabé galvanisé ; Mademoiselle Guffy crie :
« J'aurais été de retour il y a une demi-heure, si ce n'avait été à cause de l'employé de Monsieur Dickerman qui m'a retenue. Il me retient, et me parle ; il n'y a pas moyen de le quitter. 'De fait, Madame Guffy,' ce sont ses propres mots en s'adressant à moi, 'si je n'étais pas un homme marié, vous seriez la première femme à laquelle je penserais' ; quel culot de sa part! 'En fait !' lui dis-je, 'Je ne me marierais pas même avec le meilleur homme au monde.' 'Votre mari est-il mort depuis longtemps ?' me demande-t-il ? Je lui dit ce qu'il en est. 'Ma femme' dit-il, 'est de santé très délicate.' 'Vraiment,' dis-je, 'en premier lieu elle n'a jamais été votre égale.' Je suis désolée pour le pauvre homme ; avec ses éternelles factures de médecin, il voudrait bien être débarassé d'elle. Mais ce chou ici ! C'est ce qu'il m'a donné pour lui laver ses vestes blanches. Ho ! Ho ! C'est comme ça qu'on se débrouille. J'aurais eu aussi une boite de maïs, si Monsieur Dickerman n'était pas rentré juste à ce moment. »
« Avez-vous vu mes épingles à cheveux ? » demandait Madame Birtwhistle, cherchant et cherchant à des endroits où elle avait cherché et cherché avant. Sur les tables du bureau c'était des nappes blanches ; chacune portait en lettres rouges le nom d'un hôtel, souvenirs ; donc des nappes blanches propres ; le centre d'un miroir au dessus de la place où Sim était assis avait été poli ; une bordure de verre graisseuse autour du point propre.
« Vous sentez-vous vraiment bien ce matin, Madame Birtwhistle ? » s'enquit Sim, faisant tout son possible pour s'attirer les bonnes grâces de qui n'était pas bien disposé envers lui.
« Avez-vous vu des épingles à cheveux ? Oh, oui, Je vais bien, je suppose. Regardez le steak, Guffy. Je souhaiterais presque qu'il pleuve, Guffy, et je sortirais vite fait accrocher du linge sur la corde, et il se laverait comme ça. »
Apparition de Monsieur Birtwhistle. Chemise propre d'une couleur jaune store de fenêtre ; large comme un store pas très large ; la face plate de Monsieur Birtwhistle au dessus, comme une face appuyée et regardant par un store entrouvert. Monsieur Birtwhistle trainant des pieds dans de superbes pantoufles de velours, chacune brodée d'un aigle rose et violet ; se frottant vivement les mains, s'exclamant :
« Au travail ! au travail ! Ça ne se fera jamais ! Asbury, au travail ! Rakes, mon fils, au travail ! Quoi ! quoi ! Vous et Mademoiselle Guffy êtes sortis pour une marche matinale ensemble ? Jamais, je ne le fais jamais ! Delia, vous devez voir Mademoiselle Guffy ! »
« Vraiment ! » dit Mademoiselle Guffy languidement, scarabé se penchant sur son épaule plus haute ; « le gentleman ne voudrait pas être vu dehors avec quelqu'un comme moi. »
« Pas du tout ! » dit Sim désorienté.
« Au travail ! au travail ! Vous pouvez entrer et manger, Mademoiselle Guffy... si Asbury a laissé quelque chose pour vous. Asbury ! Asbury ! »
« Je ne vous ai pas oubliée, Guffy ! » dit Madame Birtwhistle. « Je veux dire que vous pouvez avoir un peu de mon steak. »
« Ne vous en faites pas pour moi, ma chère fille ! Bien sûr, n'importe quels restes feront l'affaire, » répondit Mademoiselle Guffy, allant nonchalamment à la pièce intérieure, Asbury Parker venant nonchalamment, ne remarquant pas Sim, va à la table la plus près de la fenêtre de devant, s'étirant sous la table, tirant la machine à écrire, qui avait été sur le sol toute la nuit, souffle la poussière qui la recouvre.
« Monsieur Birtwhistle, » dit Sim, avec tous les signes d'un grand effort, « vous... et bien, vous n'avez rien arrangé avec moi... »
« Au travail ! Tout le monde au travail ! »
Sim fit une allusion sans conviction et émouvante derrière la tête de Monsieur Parker. « Vous savez... dois-je m'asseoir ici ? » désignant la table près de la porte, ne cherchant plus à dire tout ce qu'il voulait dire.
« Oh, n'importe où ! » dit Monsieur Birtwhistle, se glissant dans la forme que Sim avait enfoncée dans le canapé. « Mademoiselle Guffy vous montrera quoi faire, ou Asbury le fera. Où est le journal du matin ? » Monsieur Birtwhistle s'étire sur le sofa, les pieds pendants, les pantoufles suspendues perpendiculairement aux orteils. « Delia ! Mademoiselle Guffy a-t-elle apporté le journal ? Peut-être sortira-t-elle pour aller me le chercher ? Comme une bonne âme, Mademoiselle Guffy ? »
« Je vais le faire, en effet, » dit Mademoiselle Guffy apparaissant entre les rideaux bleus. « Et avec plaisir, et serai de retour dans une minute. Non, je n'ai besoin d'aucun argent. » en allant à la porte du hall. « Je faucherai un journal sous mon bras quand personne ne regardera. » Madame Birtwhistle, derrière les rideaux, se plaint : « Où est le couteau ? Je l'avais il y a une minute. Où est le couteau, je viens juste de m'en servir ? Envoyez-le au diable, Guffy ! Qu'il attende et qu'il se procure ses propres journaux. »
« Quel langage grossier ici ! Quel langage grossier ! » dit Monsieur Birtwhistle avec indifférence, allongé, claquant ses mains, pour essayer d'attrapper des mouches.
« J'ai l'oeil sur vous, chien paresseux ! » murmure-t-on derrière les rideaux. Sim, embarrassé par ces petites piques conjugales, assis à la table de Mademoiselle Guffy, se tortille d'une position incommode à une autre.
« Bonjour ! » dit Asbury Parker, en se tournant vers Sim.
« Asbury », dit Monsieur Birtwhistle, en attrappant des mouches, « nous imprimerons de nouveaux en-têtes de lettres ; ceux-ci ne nous donnent pas assez d'importance. Nous devons y imprimer des adresses – oh, n'importes quelles adresses feront l'affaire – de nos succursales de Londres, Paris et Berlin, et parler d'ici comme le 'siège social'. Et beaucoup de banques, aussi, Asbury, comme références... personne ne regarde jamais les références. Quelles sont les banques les plus importantes, Asbury ? Je ne connais pas grand chose des banques, » tout en attrappant des mouches.
« Il y a quelques lettres dans le dossier, si vous voulez y jeter un oeil, » dit Asbury Parker à Sim. De sous la table il sortit le « dossier » qui était le bec verseur d'un bidon d'insecticide, avec des lettres empalées dessus.
« Mais qu'est-ce que j'en fait ? Je ne sais pas quoi faire ! » dit nerveusement, désespérément Sim.
« Vous ne savez pas ? » dit Asbury Parker.
« Et », disait Monsieur Birtwhistle, « imprimez quelque chose au sujet de notre département de ventes, et indiquez notre adresse par câble. Que dites-vous de 'Whistlebirt ?' Pourquoi bouleversent-ils le nom pour l'adresse par câble? Je ne sais pas mais je pense que ça ajoute une touche de fini. Que dites-vous d'un numéro de téléphone longue distance, Asbury ? Ça ajoute une touche de fini ça aussi..."
Mademoiselle Guffy, de retour. « Tous les journaux du matin sont épuisés. Voulez-vous que je voie si je peux avoir un journal du soir ? Je le ferai et avec plaisir. »
« Aucune importance, Mademoiselle Guffy, Je suis occupé maintenant. Je suis affairé, en ce moment même. Vous avez déjeuné ? Vous feriez mieux de commencer à plier des catalogues. Tout va bien, Monsieur Rakes ? Vous apprendrez. »
Mademoiselle Guffy prend une chaise pour s'asseoir près de la fenêtre et plier des catalogues... Sim bondissant. « Oh, est-ce que je suis à votre place, Mademoiselle Guffy ? Excusez-moi ! »
« Bien sûr, restez assis où vous êtes. » Et rudement : « Ne nous faites par rire, quitter votre place pour faire plaisir à la pauvre Guffy ! »
« Non, mais... »
« Ne nous faites pas rire, cher monsieur ! N'importe quelle place est assez bonne pour Guffy. » Mademoiselle Guffy fait signe, semblant en colère, à Sim de se rasseoir, se tourne vers sa chaise près de la fenêtre, et trouve dessus les pieds de Monsieur Birtwhistle.
Madame Birtwhistle dit en ricanant : « C'est juste ce qui vous convient. Allongé sur le dos et attrapper des mouches ! Maintenant vous faites ce à quoi vous êtes destiné. »
« Vous, cessez de me déranger ! Je vous dis que je suis occupé. Nous mettrons sur les en-têtes de lettres , 'Président Birtwhistle, Secrétaire Parker et Trésorier Rakes.' Ne riez pas, Rakes, mon fils. Quand nous irons de l'avant, ce ne sera pas une petite chose que d'être notre trésorier. Ailleurs à Three Star, dans le Nebraska, un jeune homme dans ce business a fait une centaine de milliers de dollars en deux jours... »
« Pour l'amour de Dieu ! Qu'est-ce que vous faites maintenant ? » s'exclama Madame Birtwhistle. « Les pieds sur une chaise ou les gens vont s'asseoir ! Vous sale fainéant, vous ne serez jamais bon à rien. »
« Si je me lève pour vous ! » dit Monsieur Birtwhistle, s'appuyant sur un coude... retombant en arrière. « Pardonnez-moi, Mademoiselle Guffy. »
« Mais que dois-je faire ? » demande Sim nerveusement à Asbury Parker.
« Ce sont des lettres de réclamation, » expliquait Monsieur Parker.
« Oui ; mais quoi ? »
« Elles contiennent des réclamations, » expliquait Monsieur Parker.
Mademoiselle Guffy est assise à la fenêtre est, avec une pile de catalogues à côté d'elle, et une planche sur les genoux. « Oh, comme on est belle ! Une telle allure !... Oh, mon Dieu ! Mais ne sommes nous pas belle ce matin ! » disait Mademoiselle Guffy, regardant avec amertume une femme bien habillée qui passe.
« Peu importe mes pieds ! » grommela Monsieur Birtwhistle. « C'est étonnant que vous ne fassiez pas quelque chose vous-même. Tout se retrouve sous le sofa, pour entretenir la maladie d'ici ! »
« Si vous n'étiez pas tellement occupé à ne rien faire, vous n'auriez pas autant à voir ! »
Mademoiselle Guffy marmonne et grimace à la femme qui avait éveillé son amertume.
« Des lettres de réclamation ? » demandait Sim désespérément ; « que dois-je en faire ? »
« Elles contiennent des réclamations. »
Puis, après un moment, Sim jeta un coup d'oeil autour de lui. Il chuchota :
« Combien gagnez-vous ici, Monsieur Parker ? »
Monsieur Parker se frotta le front.
« Et bien, Monsieur Rakes, » dit froidement Madame Birtwhistle, fusillant Sim du regard par derrière... elle était encore en train de chercher ses épingles à cheveux le long de la cheminée... « que pensez-vous des Maheffy ? »
« Je n'ai pas fait très attention à eux, » dit Sim avec indifférence, mais ensuite, il se retourna et demanda brusquement :
« Est-ce vrai que Monsieur Maheffy est un ex-détenu ! »
« Oh, honte sur vous Rakes ! » dit Monsieur Birtwhistle. « Faire des commérages comme ça ! Quoiqu'il en soit, laissez-moi penser, je suis occupé ! » Un geste brusque du bras, et cette fois il attrappa une mouche, que, entre un index et un pouce, il lanca à travers la pièce.
« Vous pouvez le dire ! » dit Madame Birtwhistle avec impatience, allant au bout de la table de Sim et se penchant sur elle. « N'est-ce pas un vrai miracle qu'elle n'ose jamais ouvrir sa bouche dans cette maison ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a dit, Monsieur Rakes ? »
« Et bien... elle y a fait quelque allusion, je crois. Je ne me rappelle pas comment c'est venu. »
« Le pauvre diable ! Je suis désolée pour lui, » dit Mademoiselle Guffy.
« Il a brûlé quelque chevaux pour toucher l'assurance, mais il a été gracié complètement. C'est une brute ! »
« C'est ce qu'il est ; une brute malfaisante ! » dit Mademoiselle Guffy.
Le son de jurons indistincts jaillit d'une pièces à l'étage ; le juron répété, mais cette fois, au lieu d'être crié avec colère, il sembla proféré comme pour émouvoir.
« Ce pauvre homme en train de mourir, » dit Madame Birtwhistle à Sim. « C'est le vieux Monsieur Strout ; il ne durera plus longtemps maintenant, parce que il a déjà eu deux attaques. »
« Vraiment ? »
« Oui ; la seconde lui a enlevé la parole sauf un juron qu'il avait toujours à la bouche quand il allait bien. Maintenant c'est tout ce qu'il peut dire, il le crie quand il perd la tête pour quelque chose, et alors ses filles baissent les stores pour obscurcir la pièce, comme vous couvrez la cage d'un perroquet pour qu'il se tienne tranquille. Il suffoque dans l'obscurité, et essaye de leur dire qu'il sera tranquille si seulement elles lui donnent de l'air et de la lumière, mais son juron est tout ce que ses lèvres peuvent articuler ; alors il le gémit ou le rugit. Vous pouvez dire au son s'il est en colère ou s'il est implorant. »
« Mais, Birt, » dit Madame Birtwhistle, « je ne crois pas que ce soit très correct de votre part de laisser Monsieur Rakes livré à lui-même de la sorte. Ne vous-ont-ils pas dit quoi faire, Monsieur Rake ? Alors je vais vous le dire. Ce sont nos annonces qui ne nous donnent pas satisfaction. Vous pouvez rédiger des annonces, n'est-ce pas ? Mais d'abord vous devez savoir ce que nous voulons... Ah, c'est une grande chose que d'avoir reçu une éducation ! Aussi, Monsieur Rakes, ne faites rien d'autre jusqu'à ce que vous appreniez nos exigences. Je vous donnerai du matériel imprimé, et ne faites rien sauf le lire jusqu'à ce que vous compreniez nos besoins... »
Une femme à la porte. Une femme avec une grosse tête, portant un petit chapeau rond ; un voile noir, du chapeau, forme un cylindre autour de sa tête ; un nez massif, les dents du bas proéminentes, presque horizontales, et forçant très en avant sa lèvre inférieure.
« Ah, Madame Kilgore ! » dit Monsieur Birtwhistle, pas très intéressé. « Vous devrez m'excuser. Je suis si occupé ; mais entrez... vous ne me dérangez pas. Je suis si occupé, Madame Kilgore... »
« C'est le cas ! » interrompit la femme d'une voix profonde, basse.
« Oh, oui ! J'ai oublié ; excusez-moi ; Madame Melody voulais-je dire. Et comment va Monsieur Melody ? »
« Les genoux m'embêtent, » dit Madame Melody, se penchant pour frotter ses genoux, faisant tomber des carottes d'un sac en papier. « Est-ce que les genoux ne vous embêtent jamais, Birtwhistle ? C'est les rhumatismes. Est-ce que les genoux ne vous embêtent jamais, Guffy ? » Sim propose sa chaise à la femme ; mais Madame Birtwhistle apporte une chaise d'une autre pièce ; Sim ramasse les carottes ; la visiteuse s'assied entre la chaise de Sim et le poêle ; Madame Birtwhistle commence par s'asseoir sur la table de Sim, mais après s'appuie contre le mur.
« Avez-vous du feu allumé, Madame Birtwhistle ? J'étais en train de penser, si vous étiez en train de bouillir quelque chose, je pourrais mettre mes carottes dans le chaudron, et économiser les deux feux par cette chaude journée, » assise, frottant ses genoux.
« Bien sûr, laissez les carottes. Vous êtes toujours là-bas, Madame Kilgore ? »
« C'est ça ! »
« Oh, excusez-moi, Madame Melody ; j'oublie. »
« C'est mon jour de repos, Madame Birtwhistle, vous savez. Et vous ne revenez pas travailler ! »
« En fait non! Mon vieil homme gagne pas mal d'argent maintenant. J'étais seulement là-bas jusqu'à ce nous nous en sortions. Et comment va Fanny ? »
« Mais vous pourriez gagner de l'argent pour vous-même. C'est trop bête que vous ne soyez pas à travailler là ; il y a eu six empoisonnements avec le corned-beef, et deux à l'hôpital. »
« Oh, le salaire ? » chuchota Monsieur Parker à Sim.
« Je pourrais l'écraser ! » ça venant de Mademoiselle Guffy, qui était en train de regarder un journal qu'elle avait tiré de sous le sofa. « Je pourrais écraser n'importe qui qui devient riche en ce monde. Ils ne le peuvent qu'en volant et en éreintant le pauvre. Je pourrais l'écraser ! » Elle déchira le journal, et jeta les morceaux sur le sol.
« Et comment va Catherine, Madame Kil...ody ? »
« Oh, Catherine ! Florrie Noonan n'est jamais revenue. Oh, Catherine m'a demandé deux ou trois fois si j'vous avais vue, moi ne signalant jamais que j'avais déménagé à côté de chez vous. Ce qu'ils ne savent pas ne leur servira pas. Josie a demandé. »
« Pas celle avec la ceinture verte ? »
« Vous savez ; la maigrichonne. Elle avait une écorchure visible... s'exprimait d'une façon terrible, et l'intendante en train d'écouter. Vous voyez, la blonde ? »
« La grande, la nouvelle ? »
« Celle de l'essoreuse, avec la jupe écossaise. Elle doit m'avoir maudite, Dieu me pardonne, il valait mieux que je reste à l'écart de là. Est-ce que les genoux ne vous embêtent jamais Guffy ? Alors je reviens plus tard pour les carottes ? »
«Oui ; et vous pouvez passer un de ces soirs, Madame Kilgore. »
« Et allez ! »
« Quel discours ! » grommela Monsieur Birtwhistle, quand la femme fut partie. « Delia, vous ne devez pas parler de toutes vos affaires en public, n'est-ce pas ? Vous feriez mieux de ranger la pièce. Personne ne vit comme nous. Madame Maheffy a toujours son chez elle présentable... »
« Allez-y et vivez avec Madame Maheffy ! » dit avec fougue. Maussade pendant un moment, et puis :
« Vais-je m'embêter avec ses vieilles carottes ? Vraiment ? »
« Cuisez ses carottes, » dit Monsieur Birtwhistle avec un regard de sérieux judiciaire. « Au travail ! Au travail ! » mais il remarqua un morceau de journal sur le sol. « Dites, ramassez-ça voulez-vous ? »
« Vous pouvez autant le faire que moi, » rétorqua Madame Birtwhistle, encore à la recherche des épingles à cheveux.
« Bon, apportez-moi une allumette ! Pouvez-vous m'apporter une allumette ? »
« Allez chercher vous-même vos allumettes ! »
« Oh, malédictions ! » dit Monsieur Birtwhistle faiblement, s'allongeant sur le sofa, ses pieds étendus sur le sol ; Mademoiselle Guffy lui tend un morceau de journal ramassé sur le sol ; Monsieur Birtwhistle regarde une mouche sur le plafond, marmonnant :
« Chez Madame Maheffy les pièces ne sont jamais dans un tel état ! »
Madame Birtwhistle : « Taisez-vous ! »
Réponse mécanique de Monsieur Birtwhistle : « cette pièce est choquante ! »
Réponse mécanique de Madame Birtwhistle : « Occupez-vous de vos affaires ! »
« Nous vivons comme des bêtes ! »
« Procurez-nous un logement décent, alors. Une femme pourrait travailler comme un cheval, ici, et ne jamais pouvoir mettre tout en ordre. »
« Je supporterai pas ça plus longtemps ! » d'un ton endormi.
« Bon, sortez alors ! Personne ne vous veut ici ! » Sim poussa sa chaise fermement en arrière de la table ; pendant un moment il sembla méditer ; ravança sa chaise contre la table.
« Ma petite chérie, » dit Monsieur Birtwhistle d'une voix trainante, « Seriez vous assez aimable pour m'apporter une allumette ? »
« Pourquoi pas, certainement, chéri ! » sur un ton moqueur par Madame Birtwhistle ; mais elle alla aimablement jusqu'à lui, chercha dans ses poches de pantalon, et lui présenta une allumette.
« Beaucoup ! » dit Monsieur Birtwhistle, manière paresseusement éliptique de dire « Merci beaucoup ! » « Elle se montre sous un bon jour ce matin, n'est-ce pas, Mademoiselle Guffy ? »
« Grandiose ! » dit Mademoiselle Guffy.
« Vous m'en direz tant ! » dit Madame Birtwhistle en riant. Elle passa par les rideaux bleus et revint avec un balai sans manche.
« J'aime vos grands pieds ! »
« Vous savez, vous ne devez pas m'importuner de la sorte ! Je suis occupé. »
Madame Birtwhistle passa le balai sur la toile cirée du sol et entre les pantoufles de velours, puis recula. « Non, ne bougez pas, » ; et, de même qu'elle n'avait poli que le centre du miroir, elle ne nettoya que le centre de la toile cirée, à quatre pattes sur les mains et les genoux, levant les yeux pour sourire à Mademoiselle Guffy.
« Elle encore ! »
« Malheur à elle et à l'argent qu'elle n'a jamais eu honnêtement ! » dit avec colère Mademoiselle Guffy. Martèlement bruyant dans une pièce au-dessus. « C'est la plus grande vieille voleuse du monde, sinon elle n'aurait jamais eu autant d'argent. »
« Madame McKicker est en train de mettre une nouvelle serrure à sa porte, » dit Madame Birtwhistle. « Elle a maintenant toutes les sortes de cadenas et de verrous à ressort. C'est une insulte à tout l'édifice de voir les verrous qu'elle a à ses portes ! »
« Oh, ça me rappelle que je ! » s'exclama Monsieur Birtwhistle, en s'asseyant. « Apportez moi mon manteau, Mademoiselle Guffy. »
« Allez-vous le faire ? » demanda Monsieur Birtwhistle, se levant... Mademoiselle Guffy lui tend son manteau, qui était sur le rebord de fenêtre, facilement à sa portée. « Vous allez être assez sot pour ajouter un dollar à votre propre loyer, alors que personne ne vous le demande ? »
« Suis-je un indigent pour payer moins que les autres ? » dit Monsieur Birtwhistle avec agitation. Vous avez obtenu le logement pour un dollar de moins que n'importe qui d'autre paye. »
« Si vous avez un dollar à donner vous feriez mieux de le dépenser pour votre propre épouse. »
« Moi payer moins que n'importe qui d'autre ! Mademoiselle Guffy, voici cinquante deux cents de timbres. Comme quelqu'un de bien, courez chez Monsieur McKicker, et dites-lui que désormais nous paierons autant que n'importe qui d'autre. J'irais bien moi-même, mais il pourrait y avoir quelqu'un devant moi ; je ne peux pas supporter d'attendre à cause de quelqu'un dans le bureau de qui que ce soit... Ma maudite fierté ! ma maudite fierté ! Oh, malédictions ! »
« Je trouve que c'est très honnête de votre part, Monsieur Birtwhistle, » dit Mademoiselle Guffy.
« Très stupide, vous voulez dire ! »
« Ah, oui ! c'est très stupide de sa part. »
« C'est un vieil idiot et il le sera toujours. Sa fierté ! C'est seulement pour se mettre en valeur et s'épater lui-même. »
« Si je me lève pour vous ! »
« Vous ! Vous être trop paresseux pour vous lever pour qui que ce soit ! Faites l'important, et votre femme avec tout ce qui lui appartient chez le prêteur sur gage ! Oh, je ne resterai pas sans rien faire ! Monsieur Rakes saura tôt ou tard qui vous êtes. Payer plus ? Si je pouvais, je ne payerais rien ! »
« Très juste ! » dit Mademoiselle Guffy, sautant tout excitée et claquant des mains. « Ma bénédiction sur vous ! Ma bénédiction sur quiconque ne payera rien. Vous feriez mieux de laissez passer un mois et filer ; ou deux mois si nous pouvons ; aussi ne pensez pas à une telle chose, je vous en prie Monsieur Birtwhistle. Regardez cette image qu'ils disent belle ! 'Une femme de toute beauté,' vraiment ? Saint péquenot ! Une petite vieille ordinaire ! Dieu sauve les bonnes poires, tous les gens qui arrivent à être dans les journaux sont beaux, de nos jours ! » murmurant : « Belle ? Je ne vois pas en quoi. Belle, comment ça ! Et quoi encore ? »
« Est-ce que c'était Madame Kilgore ? » demanda Asbury Parker.
« Mademoiselle Guffy, apporterez vous cet argent à Monsieur McKicker ? »
« Oh, je suppose que je dois, si vous le dites. »
« Je le ferai, si vous le voulez, » proposa Sim avec hésitation.
« Oh, Monsieur Rakes, je ne veux pas vous ennuyer. Ça ne gêne pas Mademoiselle Guffy... »
« Je trouve que ce serait très aimable de votre part, Monsieur, » dit Mademoiselle Guffy. « Ça me rend malade de m'approcher d'eux. Ça me démoralise avec un mal de tête pour le reste de la journée de voir qui que ce soit qui s'en tire dans le monde en dérobant et en volant les pauvres. C'est un vieux voleur d'usurier ! Entreprise immobilière, qu'en dites-vous ! Non, mais un vieux voleur qui vole, essorant les pauvres avec ses douze pour cent ! Ces vieux grippe-sou, vivre ici dans cet immeuble, quand ils ont suffisamment d'argent pour vivre sur la Cinquième Avenue ! Comme elle est propre, même si elle vit ici parmi nous ; achetant du bois et demandant au bûcheron de le laisser à la porte, pour y rechercher les cafards... oui, diable, oui ! » Claquant un point qui voyageait sur le mur... « avant qu'elle rentre le bois dans ses appartements. Et quand elle prend les transports publics, apportant un journal avec elle pour s'asseoir dessus ! »
« Nous payons tout le monde avec des timbres, » dit Monsieur Birtwhistle, se dressant sur ses pieds, laissant sur l'éclat de la toile cirée mouillée deux empreintes de pieds ternes et sèches où ses pieds étaient appuyés.
« Bon, est-ce que les timbres suffiront ? »
« Oh, oui ! Nous réglons nos affaires d'argent en timbres... mais si vous voulez être assez aimable pour monter au bureau ? C'est la pièce au troisième étage, juste au-dessus de celle-ci. »
« Bon, voyez vous, » dit Sim, bégayant, faisant un grand effort pour parler, rougissant, « je n'ai pas l'intention de faire les commissions de qui que ce soit... Je veux dire que je fais ça pour Mademoiselle Guffy... » Bégayant encore plus, faisant un effort encore plus grand. « Je ne fais pas le garçon de courses pour vous, Monsieur Birtwhistle, vous savez. »
« Oh, bien sûr ! Maintenant, Delia ne permettez pas qu'on me dérange ; je suis très occupé, et je ne dois pas être dérangé. »
Fin du deuxième chapitre.