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Bicy Gonzo et la bicyclette de plus, la bicyclette littéraire

 

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Pedro Dominguez Gento

 

Un Prodigieux Véhicule
( Un Vehiculo Prodigioso )

 

2013 : Traduit de l'espagnol.

 

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Traduction sous une licence Creative Commons http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/es/deed.fr

 

Texte original de la nouvelle sur http://www.platabicicordoba.org
À la page I C I

 

Un Vehiculo Prodigioso 2005

Un Prodigieux Véhicule – traduction de l'espagnol par Brothel & Cie inc.® ™ - 2013
Publié sur : Bicy Gonzo et la bicyclette de plus, la bicyclette littéraire

 

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Un Prodigieux Véhicule

 

Au siège central d'un des plus importants constructeurs d'automobiles, les dirigeants s'étaient réunis pour analyser les perspectives d'avenir de leur négoce :

- Messieurs, nous sommes arrivés à un point où pratiquement tous les adultes ont une voiture, quelques-un même plusieurs - exposa le vice-président - de sorte que le marché approche de la saturation et nos ventes maintenant ne progressent plus comme avant...

- Humm, nous pouvons repenser les voitures de façon qu'elles durent moins, ainsi les acheteurs devront en changer plus tôt, et les ventes augmenteront de nouveau - suggéra le chef ingénieur.

- Non, nous avons déjà réduit suffisamment la durée de vie moyenne des véhicules et il convient de ne pas la réduire encore parce que les associations de consommateurs pourraient nous tomber dessus - objecta le chef des relations publiques.

- Et bien faisons plus de publicité ! Les gens sont amenés à acheter par notre publicité et donc si nous faisons plus de campagnes nous obtiendrons de nouveaux acheteurs - proposa le chef de marketing, tirant, comme toujours, la couverture à lui.

- Le problème c'est que maintenant il ne reste quasiment plus de nouveaux acheteurs - répondit, affligé, le vice-président. À partir de maintenant il ne suffira plus de changer le nom du modèle et de faire une publicité tapageuse.

- Messieurs, voilà des jours que nous retournons ce désagréable sujet - dit le président - et je crois que j'ai la solution. Nous devons fabriquer un véhicule absolument nouveau, un que personne n'ait encore conçu, le meilleur de tous, le véhicule idéal ! Et avec une telle nouveauté, nos ventes recommenceront à progresser sans aucun doute.

- Bien pensé, monsieur le président ! - félicitèrent les autres.

- Merci, mais je crains que ce ne soit pas aussi facile parce que tous nous sommes conditionnés par les modèles traditionnels - commenta-t-il pensif. Nous devons partir de zéro et chercher le concepteur en dehors de la compagnie, y compris en dehors de l'industrie elle-même...

Ainsi firent-ils et en peu de jours, grâce aux excellentes relations qu'ils maintenaient avec les universités polytechniques, ils purent localiser une douzaine d'ingénieurs récemment diplômés avec des dossiers exceptionnels. Et assisté par trois directeurs le président choisit le plus remarquable de tous, un jeune nommé Otto Freeman. Immédiatement ils organisèrent une entrevue avec lui.

L'ingénieur, surpris, se rendit au siège de la compagnie, et après les présentations protocolaires, le chef des ressources humaines eut une entrevue rapide avec lui, où Otto répondit adroitement et à la satisfaction de tous. Ensuite le vice-président lui expliqua :

- Nous voulons produire un modèle complètement nouveau, le véhicule idéal, le plus adapté aux besoins de nos clients. Et nous voulons que vous le conceviez.

- Oh, et bien ! Je vous remercie pour votre confiance, mais je ne sais si je serai capable...

Nous nous croyons que vous pouvez le faire et nous voulons que vous vous dédiiez uniquement à ce projet. Tels sont le contrat et le chèque que nous vous offrons maintenant, quand vous terminerez le travail vous en recevrez un autre identique et vous pourrez intégrer la compagnie avec un bon salaire.

Otto regarda le chèque et écarquilla les yeux en voyant tant de zéros ensemble.

- Nous savons que vous y arriverez - dit le chef ingénieur - et d'ores et déjà nous vous avons préparé un bureau dans notre département, où vous pourrez utiliser la base de données, les programmes informatiques, le laboratoire virtuel et tout ce dont vous pourrez avoir besoin.

- Ah, et bien merci encore... Mais si ce que vous voulez est un modèle original, je devrais travailler dans mon propre atelier, où personne ne peut m'influencer. Ce dont oui j'aurai besoin c'est d'avoir libre accès à votre base de données et au laboratoire virtuel.

- D'accord ! - dit le président avant que proteste le chef ingénieur. Tenant en compte, c'est clair, que vous respecterez le secret professionnel et qu'en terminant vous nous remettrez, en même temps que le projet, toute l'information que vous aurez reçue de la compagnie.

- Bien sûr ! - s'exclama le jeune homme et, sans plus de dilation, signa le contrat.

Le même soir, dès la fin du repas, Otto prit son porte-documents et s'en alla au parc voisin, qui était comme son second bureau. Là, se promenant entre les chênes, il commença à cogiter le projet et quand il se fatiga d'imaginer des véhicules fantastiques il s'interrogea sur la façon d'aborder le travail. Après avoir écarté plusieurs possibilités, il décida de le faire comme s'il devait étudier une noix, de l'extérieur vers l'intérieur.

Il commença donc par la carrosserie, qui devait être aérodynamique pour réduire la friction avec l'air. Il investiga les profils des avions et à partir de ceux-ci il dessina jusqu'au dernier détail. Pour terminer, avec le programme de simulation de la compagnie il calcula le coefficient de frottement et vit qu'il résultait un peu meilleur que celui des modèles réels.

Ensuite il passa au chassis et après l'avoir pensé profondément opta pour l'utilisation de matériaux légers et faciles à recycler. Ceux-ci choisis, il se mit à dessiner et pendant plusieurs jours il procéda à des tests dans le laboratoire virtuel, jusqu'à ce qu'il eût obtenu un produit de puissance maximum et de poids minimum, semblable aux conventionnels.

Sans perdre entrain, il aborda le chapitre du moteur, se rappelant ce qu'il avait appris à l'institut : les moteurs à explosion ont un rendement pauvre, de 20%, ce qui implique que 80% de l'énergie du combustible se perd sous forme de chaleur...

- Mmmm, j'ai ici un point très perfectible- sussurra-t-il.

Il se rappela aussi et actualisa ses connaissances sur les cellules électro-chimiques, qui sont capables de transformer l'énergie du combustible en électricité avec un rendement de 40%. Infatigable, il compila des gigas d'informations et finalement combina une cellule puissante, légère et économique, avec un moteur électrique variable, dépassant ainsi les prototypes existants.

Comme le poids du véhicule avait été largement réduit, Otto put diminuer la largeur des roues pour diminuer leur résistance au mouvement. Avec l'ordinateur il dessina leurs profils et satisfait les testait sur le banc d'essai virtuel les corrigeant jusqu'à obtenir des roues solides et efficaces.

Au cours des semaines suivantes il imagina des freins électriques qui emmagasinaient l'énergie du freinage, simplifia la transmission et les vitesses, rendit les sièges articulables pour qu'ils pussent s'étendre et former un lit...

Quand il acheva le projet, le jeune ingénieur était épuisé mais content parce que son véhicule avait une esthétique digne de l'ère spatiale et une consommation de 2,4 litres aux 100 kilomètres, quelque chose de vraiment adapté à l'époque sans pétrole qui s'approchait.

Avant de remettre le projet, Otto décida de le passer en revue et alla au parc avec son inséparable porte-documents. Assis sous un hêtre centenaire il se mit à revoir les données qu'il avait réunies.

Et c'est alors qu'il en découvrit une qui lui avait échappée : le nombre moyen d'occupants par véhicule est 1,3, lut-il et relut-il plusieurs fois. Alarmé, il révisa minutieusement les autres données et en découvrit deux autres sur lesquelles il ne s'était pas arrêté non plus : la majorité des déplacements sont courts, ils ont lieu dans la même ville et entre villes voisines, et leur vitesse moyenne ne dépasse pas les 25 km/h...

- Aïe, ça change tout, et précisément maintenant que j'avais terminé ! Avec la nouvelle information, Otto se proposa de corriger, un par un, tous les points du projet. Et il se plongea de nouveau dans celui-ci.

D'abord il minimisa le chassis, ensuite il ajusta au plus près la svelte carrosserie et comme l'ensemble pesait moins qu'avant il eut l'idée qu'il pouvait supprimer une des roues avant. Les essais virtuels confirmèrent la validité du changement et évaluèrent la consommation moyenne à 1,5 litres au 100 km.

Otto fut enchanté et il allait en rester là quand il eut l'idée d'une autre innovation, encore plus audacieuse, qui apparut aussi être concluante. Et il recommença à tout optimiser : chassis, transmission, boite de vitesses, direction, freins, sièges..., de telle sorte que son projet était chaque fois meilleur et moins ressemblant aux modèles conventionnels.

À la fin du remaniement, le résultat final fut extraordinaire et le banc d'essai calcula que son prodigieux véhicule consommmait moins de la dixième partie de l'énergie consommée par les véhicules actuels, et d'un combustible facile à obtenir. En plus il résolvait quasiment tous les problèmes de pollution, de stationnement, d'embouteillages, d'accidents, et résultait beaucoup plus économique à fabriquer et à entretenir.

Maintenant oui Otto Freeman était satisfait, pesait quelques kilos de moins que lorsqu'il avait accepté le travail, mais définitivement il avait réussi à concevoir le véhicule idéal. Et maintenant il imaginait, avec l'orgueil de l'inventeur, que son véhicule allait changer radicalement les transports dans les villes.

Le jour convenu il se rendit ponctuellement au rendez-vous au siège, il allait chargé de papiers et de disques. Les dirigeants de la compagnie le reçurent dans l'expectative et il passa directement à la démonstration des calculs sur le rendement de son véhicule. Les dirigeants restèrent muets de stupéfaction parce que c'était meilleur que ce qu'ils espéraient, dépassait y compris les prototypes expérimentaux, aucun modèle ne pourrait le concurrencer...

Les dirigeants félicitèrent avec effusion le président pour avoir eu l'heureuse idée et maintenant se frottaient les mains, pensant aux énormes profits qu'ils allaient obtenir, quand Otto leur montra les plans. En les voyant leur sourire se figea sur leurs lèvres.

Mais... mais... c'est... - balbutia le vice-président.

C'est une sorte de bicyclette ! - s'exclama, indigné, le président.

Otto la reconnut à ce moment, il avait été tellement concentré sur le projet qu'il ne s'était pas rendu compte que le véhicule optimum était une bicyclette, moderne et design mais une bicyclette au final. Les dirigeants se sentirent désappointés, frustrés, parce que ceci ne pouvait pas être leur véhicule idéal, ils n'allaient pas se mettre maintenant à fabriquer des bicyclettes... Aussi décidèrent-ils de régler rapidement le sujet et remirent à Otto le chèque promis en échange de tous les droits sur le projet et qu'il ne parlerait à personne de ce qui était arrivé.
Un an plus tard la compagnie présenta son nouveau modèle de voiture. La puissante campagne publicitaire, dirigée vers les jeunes, mettait l'accent principalement sur la suggestive nouveauté qu'apportait le véhicule : des sièges articulés, facilement transformables en lits... Et les ventes recommencèrent à progresser comme avant, pendant une nouvelle période.

 

FIN

 

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